AGORA: Web Issues - The Common Archive & Imaginary Property

Pour une vraie pratique documentaire sur Internet! C'est sous la forme d'un manifeste que les réalisateurs et chercheurs Eyal Sivan et Florian Schneider confrontent le web-documentaire au film traditionnel. Question de pratique et de théorie.

D'un côté, les productions destinées aux cases fixes des grilles de programme, de l'autre des propositions lancées sur le web où elles sont à disposition de chacun à son guise. D'un côté, des récit linéaires, de l'autre, des histoires fragmentaires.

Faire du spectateur un véritable " éditeur ", qui réorganise le flux du matériel proposé et fait vivre les archives en se les réappropriant, bouleverser les notions d'auteur et de propriété de l'image… bref, faire du documentaire sur le Web un véritable lieu de production et non de diffusion et de consommation!

Elements pour réflexions et débats:
Comment Internet peut-il réellement renouveler la pratique documentaire ? Sous la forme d'un manifeste, les réalisateurs et chercheurs universitaires Eyal Sivan et Florian Schneider proposent de confronter leur vision théorique aux acteurs du webdocumentaire: ne plus simplement adapter les formes télévisuelles existantes sous la forme d'un programme définitif destiné à un maximum d'audience, mais s'emparer vraiment des (open) ressources d'Internet: multiplier les objets et les versions, adopter la forme ouverte, laisser place à l'imprévisible, faire du spectateur un véritable " éditeur ", qui réorganise le flux du matériel proposé et fait vivre les archives en se les réappropriant… quitte à bouleverser les notions de propriété de l'image et d'auteur.
Faire du documentaire sur le Web, un véritable lieu de production et non de consommation !

Le webdocumentaire n'est actuellement qu'une adaptation, une transposition du geste documentaire télévisuel, sans qu'il ne soit réellement réinventé, repensé.
Pourtant, le médium est totalement différent.

Si la TV produit un programme pour capter au même moment un maximum d'audience, Internet est dans une logique opposée: si technologiquement et économiquement, faute de bande passante suffisante, il est très difficile de réunir une masse d'internautes à un moment donné, cet objectif semble même contraire à la nature d'Internet (absence de carrefour horaire, publics ciblés, atomisés, …). Ainsi, Internet multiplie plutôt les programmes pour multiplier les audiences et les moments de visionnages, il échappe à tous les formatages télévisuels (case, horaire, genre, rendez-vous, …).

Avec Internet, se redéfinit également le partage entre spectateur et auteur, la notion même de spectateur est mise en cause. Non pas comme simple personnage actif (ou faussement actif) comme le webdocumentaire le laisse entendre aujourd'hui, mais comme un possible " éditeur ", au sens où il peut réorganiser le matériel, où le rôle de l'auteur et du spectateur se trouve réellement renversé.

L'espace qu'Internet propose est bien loin de la logique télévisuelle et plus proche de celui des arts plastiques, des installations, qui peut laisser place à l'imprévisible (si cher au documentaire), multiplier les variations, les versions, préserver les rushs: retenir les leçons du CD rom, et mettre en question son propre dispositif !

Et puis encore:

• espace de production et non de consommation = cinéma d'éditeurs
• espace tiers entre Youtube qui ne s'intéresse pas à ces utilisateurs, si ce n'est à ces métadonnées pour vendre de la publicité, et l'espace télévisuel qui en fait de simples utilisateurs, consommateur d'images
• archives dynamiques = redéfinies sans cesse
• la réalité = Internet lui-même ?

Barbara Levendangeur
Mars 2010